Les districts suisses? Toujours enfants d’un fédéralisme mineur
Ni les cantons ni les communes, les Bezirk ou Amtsbezirk en allemand et les districts en français ne sont pas soumis à la citoyenneté et ne sont pas obligatoires pour la Confédération
Contrairement aux États centralistes, dans la Confédération suisse, les cantons sont entièrement libres de décider de leur propre division administrative interne.
Sur la base de ce principe de droit et d’opportunité, il existe différentes structures et terminologies pour les entités infranationales intermédiaires entre les cantons et les communes, généralement appelées « districts ».
Entités publiques territoriales intermédiaires entre les États et les municipalités
Dans les cantons suisses, le district (en allemand Bezirk, Amt ou Amtsbezirk ; en français District) désigne l’organe intermédiaire entre l’État et la municipalité et exerce des fonctions de contrôle et d’exécution.
À quelques exceptions près, les districts sont des organes purement administratifs et judiciaires ou des circonscriptions électorales sans autonomie et ne possèdent pas de personnalité juridique propre.
Leurs autorités sont intégrées dans la hiérarchie du système institutionnel des cantons, étant explicitement prévues dans leurs Constitutions respectives. Dans les cantons des Grisons, de Thurgovie, du Tessin et de Vaud, ils sont à leur tour subdivisés en districts.
En 1798, l’Ancien Régime et le… vieux bailliages
En 1798, avec l’effondrement de l’Ancien Régime politique, les termes qui désignaient jusqu’alors les unités intermédiaires de l’administration cantonale, tant administratives que judiciaires : les fameux Baliages, sont supprimés dans la « vieille » Suisse.
S’inspirant de l’exemple de la Révolution française, la Constitution fédérale a introduit la division de la République helvétique en cantons et en districts.
Pas de « Restauration » dans les cantons de Vaud, du Tessin et de Fribourg
Après 1803, ce terme n’a pas du tout été remplacé, mais plutôt conservé dans les cantons de Vaud, du Tessin et de Fribourg (dans la partie francophone), tandis que les États de Suisse alémanique ont abandonné ce terme, qui leur avait été imposé, et sont revenus aux formulations antérieures et plus familières d’Amt ou de Bezirk.
La Suisse et les « quatre fantastiques » de la démocratie directe
L’éthique de la compétitivité et l’esprit du fédéralisme
Waldstätte et les cantons « forestiers » à l’aube de la Suisse…
Dans le langage administratif des XVIe-XVIIIe siècles, le terme Amt, qui s’était répandu dans l’Europe germanophone depuis le Moyen Âge, désignait les subdivisions administratives et judiciaires de la noblesse terrienne, puis de la seigneurie territoriale ; Bezirk désignait des unités territoriales « spécifiques », par exemple pour la perception des dîmes (Zehntbezirk) ou des impôts (Steuerbezirk).
C’est ainsi qu’en 1803, Lucerne a opté pour Amt, Soleure pour Amtei (aujourd’hui Oberamt ou Amtei, composé de deux Bezirke), Berne pour Amtsbezirk (jusqu’en 1831 également Oberamt) ; dans la partie française du canton de la capitale suisse, l’ancien Bailliage a été conservé, d’où par analogie le Baliaggio italien), les cantons de Zurich (sous la Restauration, 1814-1831, Oberamt), Schwyz, Bâle, Schaffhouse, Saint-Gall (remplacé depuis 2003 par des Wahlkreise, c’est-à-dire des circonscriptions électorales), Argovie et Thurgovie pour Bezirk.
Des noms antérieurs à la Révolution française ont été réintroduits ou respectivement conservés, par exemple en Valais (Decanie ou Zenden ou Dizains, 1815-1848), à Neuchâtel (Mairie jusqu’en 1848), dans les Grisons (Comun Grande jusqu’en 1854) et dans les régions francophones du canton de Berne (Bailliages, 1815-1831).
Pas de niveaux intermédiaires dans les petits États
Les petits États d’Uri, d’Obwald, de Nidwald, de Glaris, de Zoug, de Bâle-Ville, d’Appenzell Rhodes-Extérieures et de Genève n’ont pas (plus) de niveau administratif intermédiaire.
Les districts du demi-canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures correspondent en pratique aux communes, les districts de Schwyz sont en même temps des corporations municipales dotées d’une personnalité juridique propre et les districts d’Uri et de Nidwald avaient ou ont encore un caractère de corporation.
Mais quelle est la répartition actuelle des territoires et à quelle logique administrative répondent-ils ? La plupart des cantons sont divisés en Bezirke (districts en allemand). Ils sont également appelés Ämter (canton de Lucerne), Amtsbezirke (canton de Berne), District (en français et en romanche) ou Distretti (dans le canton du Tessin).
Tâches? Administration et organisation de la justice
Le district ne s’occupe généralement que de l’administration et de l’organisation de la justice, souvent par le biais du juge de paix. Pour des raisons historiques, dans les cantons des Grisons et de Schwyz, les districts ont également une compétence fiscale et politique.
Dix des 26 cantons suisses ne sont pas divisés en districts : Uri, Obwald, Nidwald, Appenzell Rhodes-Extérieures, Glaris, Zoug, Bâle-Ville et Genève, pour diverses raisons, historiques, pratiques ou liées à leur petite taille, tandis que Saint-Gall et Schaffhouse ont plus récemment modifié le nombre, la division territoriale de leurs subdivisions administratives et les noms de leurs corps intermédiaires.
Toutes les divisions territoriales d’Appenzell à Zurich
Le canton d’Argovie est divisé en onze districts, celui de Bâle-Campagne en cinq seulement. Jusqu’au 1er janvier 2010, le canton de Berne était divisé en 26 Amtsbezirke (districts administratifs), après quoi il a été réorganisé en cinq Verwaltungsregionen (régions administratives) et dix Verwaltungskreise (districts administratifs).
Le canton de Fribourg est divisé en sept Bezirke, tandis que le Jura est divisé en trois Districts ; le canton des Grisons est composé de 11 Régions, qui ont remplacé les anciens Districts le 1er janvier 2016, en gardant leur nombre et leurs limites pratiquement inchangés, qui tendent à suivre les barrières naturelles entre les vallées alpines.
La présidence de la Confédération suisse de 1848 à nos jours
Des monuments suisses ? Un trésor « caché » à exploiter…
La démocratie athénienne ? Revivre entre Glaris et Appenzell…
Le canton de Lucerne est divisé en six Wahlkreise, unités électorales et statistiques qui remplacent depuis 2013 les cinq Ämter précédents (qui avaient déjà perdu toute valeur administrative en 2007), tendant à suivre les frontières, à quelques exceptions près, la plus notable étant l’inclusion de Lucerne dans un district distinct. Contrairement aux Ämter, seuls deux Wahlkreise ont encore leur propre capitale.
Neuchâtel est divisé en six districts, regroupés en quatre régions ; Saint-Gall était divisé en 14 Bezirke jusqu’au 1er janvier 2003, date à laquelle il a été réorganisé en huit Wahlkreise (districts).
Le renoncement de Schaffhouse à l’extrême nord du pays
Le canton de Schaffhouse était divisé en six Bezirke jusqu’en juillet 1999, alors qu’il passe désormais directement du canton aux communes.
Le canton de Soleure est divisé en 10 Bezirke, regroupées en cinq circonscriptions électorales, appelées Amteien, mais depuis 2005, ces circonscriptions ont plus ou moins de signification statistique.
Le canton de Schwyz est divisé en six districts, dont trois (Einsiedeln, Küssnacht et Gersau) comprennent une seule commune. Le canton du Tessin est divisé en huit districts, mais ceux-ci sont composés de 40 circonscriptions.
La Thurgovie est divisée en cinq Bezirke, qui tirent leur nom de leur capitale respective ; le canton du Valais, dans lequel on parle à la fois l’allemand et le français, est composé de 14 Bezirke ou districts ; le canton de Vaud est divisé en 10 districts.
Enfin, le canton de Zurich, le plus peuplé de la Confédération helvétique et le plus connu internationalement en tant que centre financier, est composé de 12 Bezirke.