Waldstätte et les cantons “forestiers” à l’aube de la Suisse…

Une zone artificielle où se mêlent prairies, pâturages, champs et forêts” identifiait, dès 1289, les territoires d’Uri, de Schwyz et d’Unterwald à la base de la Confédération…

Waldstätte est une expression qui fait référence aux trois cantons d’origine de la Confédération suisse, dont le souvenir a survécu jusqu’à aujourd’hui : Uri, Schwyz et Unterwalden, ce dernier étant aujourd’hui divisé en “demi-cantons” totalement indépendants, Obwald et Nidwald.

Par la suite, ce terme a été progressivement remplacé par le mot spécifique Urschweiz, bien qu’il n’ait pas le même pouvoir évocateur.

Una Carta dei quattro Cantoni forestali risalente al 1645
Une carte des quatre cantons forestiers datant de 1645

En 1291, le 1er août, les Waldstätte fondent la “Confédération des III Cantons” et concluent un pacte dans lequel ils promettent de se protéger mutuellement contre les attaques venant de l’extérieur et de l’intérieur.

Un hommage approprié aux origines rurales du pays.

L’expression vient de l’allemand Waldstätte, où Waldstatt désigne un site forestier qui, au sens médiéval, est une zone artificielle où se mêlent prairies, pâturages, champs et arbres : les habitants sont ainsi appelés “gens de la forêt” ou Waldleute.

Le mot Wald (“forêt”) doit être compris par opposition à Forst : selon une terminologie allemande plutôt obscure, il désigne des terres cultivées où alternent des activités agricoles, tandis que ce dernier terme, dans la même langue, suggère des forêts profondes et incultes.

Le mot Waldstette ou Stette (au sens de “site” ou “établissement boisé”) est également utilisé à côté de Stett (Stadt, moderne, ou “ville”, au sens d’établissement puissant, éventuellement protégé par des droits spéciaux) et Lender (“Länder” moderne, au sens de campagne rurale) en relation avec les différents alliés confédérés dans la première moitié du XVe siècle et est progressivement remplacé par le mot Ort (“point”) ou Stand (“État”), dominant jusqu’à la Révolution française.

Il prato del Grütli o Rütli visto da Seelisberg
La prairie du Grütli ou Rütli vue de Seelisberg

Le terme “canton” (Kanton), à l’origine une traduction romane de l’allemand “Ort”, était en fait inconnu jusqu’à environ 1650.

Une histoire qui a commencé, bien sûr, à Schwyz.

La première utilisation enregistrée du mot Waldstätte pour désigner spécifiquement les vallées boisées de la Suisse centrale, le cœur du pays, se trouve dans un document de 1289, qui mentionne le “Swiz in der waltstat” (c’est-à-dire littéralement “à Schwyz, dans le site boisé”).

Lucerne est mentionné comme le quatrième “canton forestier” à partir du 15e siècle, lorsque le bassin du même nom est devenu en cent ans le Vierwaldstättersee (“lac des quatre cantons”), dans un ajout de 1450 au “Livre d’argent” d’Egloff Etterlin.

Enfin, pendant la République helvétique (1798-1803), sur ordre de Napoléon Bonaparte, Uri, Schwyz, Unterwalden et le canton de Zug forment temporairement le canton de Waldstätte…