Il Consigliere Federale Ignazio Cassis al 25esimo Dies Academicus dell’USI a Lugano

« Plus de science dans la diplomatie, plus de diplomatie dans la science. »

En marge du 25e Dies Academicus de l’USI, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a présenté la stratégie qui guidera la politique étrangère de la Suisse

A l’occasion du 25ème Dies Academicus de l’Università della Svizzera Italiana, le conseiller fédéral Ignazio Cassis a prononcé un discours public dans la langue officielle de la République et Canton du Tessin le vendredi 7 mai.

En bref, il a déclaré que la politique devait se nourrir d’une approche davantage fondée sur la méthode scientifique et expérimentale : une « politique fondée sur les preuves ».

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« M. Manuele Bertoli, conseiller d’État,
Honorables Maires et Municipalités
Madame la Présidente du Conseil de l’USI, Monica Duca Widmer,
Recteur Boas Erez,
Chers membres du personnel académique,
Chers étudiants,
Meilleurs vœux !
Chère Université de Lugano, bon anniversaire ! Bien que vous soyez la fêtée, vous fêtez votre 25e anniversaire en nous offrant de précieux cadeaux : la nouvelle faculté de biomédecine, le nouveau campus Est de l’USI-SUPSI, le projet de Maison de la durabilité. Vous atteignez le cap du quart de siècle avec beaucoup de générosité et de vitalité : je m’incline devant cette jeune femme !

Alors que je me préparais pour ce Dies Academicus très spécial, j’ai repensé à toutes ces années. Je me suis revu à la Genève internationale, en 1996, alors que je recevais des mains du directeur général de l’OMS, le Dr Hiroshi Nakajima, le Master en santé publique. Des émotions fortes, comme le sont certainement celles des jeunes médecins qui choisissent l’USI et le Tessin pour obtenir leur diplôme. Je suis fier que la Suisse italienne soit devenue un élément fondamental de la science de notre pays, grâce à un réseau d’institutions dispersées entre Mendrisio et Airolo.

Ce master en santé publique m’a permis de combiner ma passion pour la médecine et mon intérêt pour la communauté. Je n’en avais évidemment aucune idée à l’époque, mais je faisais le premier pas vers le rôle que j’ai l’honneur d’occuper aujourd’hui. Il n’y a donc pas de meilleure occasion de laisser derrière moi la nostalgie de ma jeunesse passée et de vous annoncer, ici à Lugano, avec quels yeux je veux regarder l’avenir.

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Il Consigliere Federale Ignazio Cassis al 25esimo Dies Academicus dell’USI a Lugano
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis au 25ème Dies Academicus de l’USI à Lugano

Médecine fondée sur les preuves ou médecine fondée sur les preuves

À l’université, j’ai appris la méthode scientifique pour pratiquer une médecine fondée sur des preuves. Cette empreinte ne m’a jamais quitté et je suis aujourd’hui convaincu que la même approche devrait être davantage utilisée en politique : la politique fondée sur les preuves. L’approche scientifique est essentielle pour contrer le bruit causé par un certain mainstream populiste, qui se nourrit de fake news et de simplifications amplifiées par la propagande numérique. Et c’est aussi la seule arme possible pour répondre à des menaces globales comme celle que nous connaissons, la pandémie de COVID-19.

Mesdames et Messieurs, je suis convaincu que nous avons besoin de plus de science en politique. Mais nous avons également besoin de plus de politique dans le domaine de la science, afin de garantir que les découvertes scientifiques et technologiques servent les humains et non l’inverse.

« Science-diplomatie, un bel aperçu des dix dernières années

En d’autres termes, nous avons besoin de plus de science pour la diplomatie et de diplomatie pour la science. Un concept – celui de la science-diplomatie – qui fait son chemin depuis une dizaine d’années et qui modernise la diplomatie internationale pour la mettre au diapason des défis scientifiques et sociaux de ce siècle. J’ai décidé d’en faire un chef de file de la diplomatie suisse pour la législature 2020 à 2023. La Suisse dispose d’un réseau universitaire de premier ordre. Et un réseau diplomatique tout aussi solide. Pourquoi ne pas combiner stratégiquement ces deux mondes ? Pourquoi ne pas utiliser davantage le langage universel de la science pour rapprocher des pays qui ne se parlent qu’avec des armes ?
C’est ce dont je voudrais vous parler aujourd’hui, en vous emmenant dans un voyage en trois étapes pour découvrir des histoires sur la diplomatie et la science.

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L'ambasciatore svizzero per la scienza Alexandre Fasel
Alexandre Fasel, ambassadeur scientifique suisse

Du golfe d’Aqaba à Lugano à la recherche de coraux miraculeux

Nous partons de la Mer Rouge. Ce voilier suisse s’appelle « Fleur de Passion ». Il a pris la mer il y a quelques jours pour étudier un paradis marin, ou plutôt sous-marin, le Golfe d’Aqaba. Elle est surplombée par quatre États aux histoires et aux cultures très différentes : Israël, l’Égypte, l’Arabie saoudite et la Jordanie. C’est là que se produit un petit-gros miracle, découvert par l’Institut fédéral suisse de technologie de Lausanne. Pour des raisons encore inconnues, les coraux du golfe d’Aqaba continuent de vivre et de briller de leurs mille couleurs. C’est-à-dire qu’ils résistent à l’augmentation de la température de l’eau, qui est si fatale pour presque tous les autres récifs coralliens et de nombreux autres organismes. Ce sont peut-être les derniers coraux du monde. Le voilier est donc à la recherche de preuves scientifiques pour préserver l’écosystème marin. Une mission d’importance mondiale, mais extrêmement concrète pour les pays de la région et leurs économies. Grâce à cette expédition scientifique, nous tissons des liens dans le contexte politique tendu et fragmenté du Moyen-Orient. Il s’agit d’un dialogue scientifique dont les répercussions positives dans les pays concernés auront un impact favorable sur leur politique.

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La sede dell'Università della Svizzera Italiana a Lugano
Le siège de l’Université de la Suisse italienne à Lugano

Des règles de droit international public qui anticipent l’avenir

Pour le deuxième exemple, nous nous déplaçons sur les rives d’un lac plus proche de nous. Nous sommes dans la Genève internationale. En 2019, le Conseil fédéral, le Canton et la Ville de Genève ont créé la fondation « Geneva Science and Diplomacy Anticipator », GESDA. Le mot clé est « anticipation » : quel impact les découvertes faites aujourd’hui en laboratoire auront-elles dans 5, 10 ou 25 ans ? Comment pouvons-nous éviter leurs conséquences ? De l’intelligence artificielle avancée à la révolution quantique, de l’éco-régénération à l’amélioration de la condition humaine, des robots guerriers aux véhicules à conduite autonome. Le potentiel est énorme, le risque aussi. GESDA fait communiquer entre eux des mondes qui parlent des langues différentes : la communauté scientifique et les gouvernements, les géants de la technologie et les organisations internationales. L’idée est que la communauté internationale puisse encadrer ces nouveaux outils puissants en temps utile avec les règles du droit international public et ainsi anticiper leur impact sur les peuples. C’est une nouvelle forme d’engagement multilatéral – un nouveau visage que nous voulons donner à notre diplomatie.

Pour la troisième étape, je vous invite à revenir à Lugano, ici même, dans les murs de l’USI. Tels sont les protagonistes du sommet d’été Middle East Mediterranean (MEM). Dans certains pays du Moyen-Orient, les jeunes représentent plus de la moitié de la population : ce sont leurs idées, au-delà des barrières politiques, religieuses et ethniques, qui peuvent changer l’avenir d’une région aussi riche que tourmentée. Cette région revêt également une importance stratégique pour la Suisse. Le MEM est un exemple concret de la manière dont les universités peuvent devenir un vecteur de diplomatie.

Un échange fructueux et bénéfique pour toutes les parties concernées

Chers étudiants, chers chercheurs,

Le concept de diplomatie scientifique est nouveau, mais pas sa substance. Revenons presque 70 ans en arrière. Nous sommes en 1954 lorsque, sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale, est signé l’un des projets les plus ambitieux du XXe siècle : celui qui donne naissance au CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire). Pendant la guerre froide, le CERN était le seul point de rencontre entre des pays dont le seul point commun était la méfiance mutuelle. Un bel exemple, dont nous voulons nous inspirer !

Je veux regarder l’avenir avec ces yeux. La science et la diplomatie travaillent ensemble dans l’intérêt de l’être humain, de chaque être humain. La science crée la méthode, elle génère des données, des informations, des connaissances. La politique doit transformer la connaissance en sagesse. Il s’agit peut-être de l’étape la plus difficile, qui, dans une démocratie, incombe en fin de compte au peuple. Cela demande de la bonne volonté, du courage et de la responsabilité.

La Suisse, comme chaque pays, a ses forces et ses faiblesses. Pourtant, notre force dans le monde est que nous sommes fiables, crédibles et capables de créer un dialogue entre des mondes différents. Nous avons appris cet art au cours de siècles de coexistence nécessaire entre différentes langues, cultures et religions, et nous le pratiquons désormais avec succès au-delà de nos frontières. Nous construisons des ponts, également au sens diplomatique du terme. Nous offrons nos bons offices à ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas se parler. Nous promouvons la paix et, dans la Genève internationale, nous accueillons le monde entier. Nous essayons de transformer l’information en sagesse.

La Suisse a tout ce qu’il faut pour être un acteur clé de la diplomatie scientifique. Nous avons besoin de bons diplomates. Mais nous avons également besoin d’universités jeunes et dynamiques, comme cette jeune femme de 25 ans appelée USI.

Cher USI : nous avons besoin de votre dynamisme jeune et généreux. La diplomatie est prête à donner une voix – j’espère avec la sagesse nécessaire – à vos découvertes.

Joyeux anniversaire, alors. Avec le souhait que toute votre communauté puisse continuer à alimenter vos « ateliers du savoir » pour faire rayonner notre pays, au service de l’être humain. De chacun d’entre nous.
Merci ! »

Ignazio Cassis, conseiller fédéral

Il Consigliere Federale Ignazio Cassis al 25esimo Dies Academicus dell’USI a Lugano
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis au 25ème Dies Academicus de l’USI à Lugano