Mikhail Gorbatchev et une partie de l’histoire s’en va
Mikhaïl Gorbatchev est mort à Moscou le 30 août 2022. Avec ses politiques, il a mis fin à la guerre froide et a été l’un des principaux protagonistes de changements radicaux en Russie et dans le monde.
Brève biographie
Mikhaïl Sergeevič Gorbačëv, également connu sous le nom de Mikhaïl Gorbatchev ou simplement Gorby est né à Privolnoye le 2 mars 1931, de Sergey Andreyevich Gorbatchev et Maria Panteleyevna Gorbatchev dans une famille de paysans pauvres d’origine russe et ukrainienne, est un homme politique de l’ancienne Union soviétique devenue la Russie à partir de 1991 et le dernier secrétaire général du Parti communiste.
En 1952, Gorbatchev rejoint le parti communiste et commence ses études à l’université d’État de Moscou, où il obtient un diplôme de droit en 1955. En 1953, il rencontre et épouse une autre étudiante, Raissa Maximowna Titarenko, qui deviendra Raissa Maximowna Gorbatschowa.
Grâce à sa politique, il a mis fin à la guerre froide et a été l’auteur de deux réformes majeures qui ont radicalement changé non seulement la Russie, mais un peu toute la politique et la géographie mondiales.
Perestrojka
Le terme perestroïka, qui signifie en traduction reconstruction ou restructuration, est utilisé pour désigner une série de réformes initiées par les dirigeants de l’ancienne Union soviétique au milieu des années 1980, visant à réorganiser l’économie et la structure politique et sociale du pays. Les principaux points de cette réforme étaient
- la privatisation de nombreux secteurs économiques d’État
- la liberté d’information,
- la réduction du contrôle militaire et politique sur les pays de l’Est,
- les traités avec les États-Unis sur le désarmement des missiles.
Les relations avec les autres pays du monde se sont également améliorées, notamment avec les États-Unis et la CEE, tandis que le retrait des troupes d’Afghanistan et de Mongolie a mis fin à la longue période de crise entre l’ex-URSS et la Chine.
Ces réformes ont également entraîné des changements dans les relations entre l’Église et l’État, qui se sont traduits par plusieurs rencontres de Gorbatchev avec des patriarches orthodoxes et des représentants d’autres confessions. Les bâtiments de culte précédemment retirés de cette fonction ont été restitués et la construction de nouvelles églises a été autorisée.
Glasnost’
Le terme « Glasnost » signifie « domaine public » ou « transparence« . Il s’agit d’une réforme introduite par Gorbatchev dans la seconde moitié des années 1980, fondée sur la transparence des relations et des décisions socio-politiques et la liberté d’expression. Les principaux points de cette réforme étaient :
- l’ouverture des archives historiques,
- la publication de livres jusqu’alors interdits,
- diminution de la censure
En 1986, Gorbatchev, poussant à une plus grande libéralisation, réhabilite le principal dissident soviétique, Andrei Sakharov.
Les deux réformes susmentionnées ont entraîné d’énormes changements dans l’arène géopolitique, notamment :
La fin de la guerre froide
La période qui suit la Seconde Guerre mondiale est marquée par un conflit entre les États-Unis et l’Union soviétique, dans lequel ils ne s’affrontent pas par les armes mais sur le front politique et économique.
En outre, l’Allemagne est occupée par les Britanniques, les Américains, les Français et les Soviétiques, et une partie est cédée à la Pologne. En 1949, les États-Unis, avec certains pays européens, dont l’Italie, la France et l’Angleterre, ont formé une alliance défensive qui a été nommée OTAN (Organisation du traité de l’Atlantique Nord). Le gouvernement soviétique, qui craint l’expansion américaine en Europe, répond par le Pacte de Varsovie, qui inclut les pays d’Europe de l’Est et entraîne la formation de gouvernements communistes dans ces pays. C’est ainsi que débute la guerre froide.
Au cours des années 1980, on assiste à un certain nombre de protestations et de soulèvements qui touchent d’abord la Pologne, notamment après l’élection en 1978 de Karol Wojtyla, au poste de pape qui deviendra Jean-Paul II, (la poignée de main entre Jean-Paul II et le président de l’Union soviétique de l’époque au Vatican lors d’une visite d’État en décembre 1989 qui a lieu peu après la chute du mur de Berlin est historique).
La fin de la guerre froide coïncide avec la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989.
La réunification de l’Allemagne
La réunification de l’Allemagne a lieu le 3 octobre 1990, lorsque les territoires de la Deutsche Demokratische Republik, – DDR, (République démocratique allemande ou « Allemagne de l’Est ») sont intégrés à la Bundesrepublik Deutschland ou BRD (République fédérale d’Allemagne ou « Allemagne de l’Ouest ») avec cinq nouveaux Länder (États fédérés) : Mecklenburg-Vorpommern, Brandebourg, Saxe, Saxe-Anhalt et Thuringe. La chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989 a été un facteur déterminant pour la réunification.
Vidéo Rtl sur la réunification allemande et la chute du mur de Berlin (en allemand)
L’indépendance des pays baltes
Les pays baltes, incorporés à l’Union soviétique en 1940, ont commencé à réclamer le rétablissement de leur indépendance et, le 11 mars 1990, la Lituanie a été la première des trois républiques baltes à déclarer son indépendance. Le 30 mars 1990, le Soviet suprême d’Estonie a déclaré l’indépendance de l’Estonie en déclarant illégitime l’annexion de 1940 et le 4 mai 1990, le Soviet suprême de Lettonie a fait une déclaration similaire.
Le 6 septembre 1991, l’ancienne Union soviétique a également reconnu l’indépendance des trois républiques.
La fin de l’Union soviétique
La fin de la politique rigide de répression interne et la récession économique ont fait ressortir les contrastes, les haines raciales et les aspirations à l’indépendance des nombreux peuples de l’État soviétique.
Gorbatchev tente de transformer l’Union soviétique en un État moins centralisé en dissolvant le Comecon (Conseil d’assistance économique mutuelle des États socialistes) et le 1er juillet le Pacte de Varsovie (Traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle entre les États socialistes du bloc de l’Est), relâchant ainsi les liens des pays étrangers jusqu’alors satellites.
Le 20 août 1991, la Russie était prête à signer le traité de la Nouvelle Union, qui prévoyait la transformation de l’Union soviétique en une fédération de républiques indépendantes avec un président commun, mais un coup d’État a été organisé. Des milliers de personnes à Moscou descendent dans la rue pour défendre le Parlement et après trois jours, le 21 août, le coup d’État s’effondre sur lui-même et les organisateurs sont arrêtés.
Gorbatchev redevient président de l’Union soviétique, mais sa position dans le pays est désormais compromise.
Après le référendum du 1er décembre 1991 en Ukraine, où 90 % des électeurs ont opté pour l’indépendance, les dirigeants des trois républiques slaves (Russie, Ukraine et Biélorussie) ont convenu de se rencontrer pour discuter des formes possibles de relations et, le 8 décembre 1991, l’accord a été signé.
Le 8 décembre 1991, les dirigeants de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie se réunissent à Belavežskaja pušča pour signer l’accord de Belaveža, qui déclare l’Union soviétique dissoute.
Le 25 décembre 1991, Gorbatchev démissionne de son poste de président de l’Union soviétique et déclare la fonction abolie, conférant tous ses pouvoirs à Boris Nikolaïevitch Eltsine. Le même jour, le drapeau soviétique au-dessus du Kremlin est remplacé par le drapeau tricolore russe.
Vidéo de la démission de Gorbatchev diffusée par la BBC (en anglais)
Ordres, décorations, distinctions et critiques
Mikhaïl Gorbatchev a été décoré de l’ordre du Drapeau rouge du travail, de trois ordres de Lénine et de nombreuses autres distinctions soviétiques et internationales, ainsi que de nombreux diplômes honorifiques d’universités du monde entier. En 1990, il a reçu le prix Nobel de la paix.
La figure de Gorbatchev est perçue positivement en Occident, qui voit dans la chute du communisme une victoire du bon sens, de la démocratie et des valeurs humaines communes, alors qu’en Russie, il est moins bien vu en raison de la dissolution de l’État soviétique et de la fin du statut de superpuissance, mais aussi des années de chaos politique et de crise économique profonde qui ont suivi.
Son décès
Son pays natal n’a pas accordé trop d’importance à son départ qui a eu lieu à Moscou à l’âge de 91 ans.Le corps sera exposé dans la capitale à la Maison des syndicats comme cela a été fait pour Lénine et Staline.Ni l’actuel président russe Vladimir Poutine (officiellement empêché en raison d’autres engagements) ni aucun autre chef d’État étranger ne seront présents aux funérailles nationales (il semblait initialement qu’elles n’auraient même pas lieu) qui auront lieu le samedi 3 septembre 2022. Le président de la Fédération de Russie a exprimé ses condoléances en déclarant que « Mikhaïl Gorbatchev avait compris que des réformes étaient nécessaires et s’était engagé à trouver des solutions aux problèmes auxquels l’Union soviétique a été confrontée dans les années 1980 et a eu un impact énorme sur le cours de l’histoire mondiale. »
.
Selon sa volonté expresse, il sera enterré dans le cimetière monumental de Novodevicij, aux côtés de son épouse Raijssa, décédée en 1999.
Il laisse une fille et deux petits-enfants.