La situazione pre-unitaria vista dalla satira ottocentesca, attraverso “I Promessi Sposi” di Alessandro Manzoni: Napoleone III è, nascosto, nei panni di Don Rodrigo, Don Abbondio è Cavour e Renzo Tramaglino il Piemonte, dotato di stemma sabaudo, ansioso di maritarsi con una Lucia Mondella che incarna l’Italia turrita.

Cent soixante ans d’Italie, pas un seul de fédéralisme…

Le 17 mars 1861, l'”expression géographique” de Metternich se transformait en un État unitaire, supprimant l’idée confédérale à laquelle Cattaneo et Manzoni tenaient

Au cours de cette période historique complexe que l’on définit, un peu abusivement, comme le “Risorgimento”, de nombreuses prophéties sur l’unité nationale italienne ont été exprimées par d’illustres personnalités culturelles.

En réalité, il serait probablement plus approprié de parler de “Risorgimenti”, étant donné la pluralité et la diversité des visions géopolitiques qui ont caractérisé ce phénomène historique.

Il va sans dire que, dans la lecture actuelle du processus d’unification, la prophétie manzonienne prévaut.

Cette Confédération italienne née et enterrée à Zurich
Les protagonistes de la Paix de Zurich du 10 novembre 1859
Le traité de Zurich entre l’Autriche et la France du 10 novembre 1859

L’Europe des petits États et un fédéralisme à peine ébauché….

Ceci, par ailleurs, se produit également dans le sens linguistique, puisque le congrès des scientifiques de Sienne, en 1862, a marqué le crépuscule définitif de la vision linguistique municipale, également très en vogue dans la première moitié du XIXe siècle.

La structure de l’Italie à venir a donc été prédite par l’écrivain lombard dans “Marzo 1821” et a été, dès le début, pour ainsi dire, savoyarde. Le début du processus unitaire aurait dû être piémontais, comme cela s’est produit en fait, même si ce n’est peut-être pas exactement dans les termes souhaités par Manzoni.

Un piatto commemorativo dell'Armistizio di Villafranca
Une plaque commémorative de l’Armistice de Villafranca

Carlo Alberto était roi, mais de trois royaumes fédérés ensemble

Charles Albert, alors simple héritier du trône, aurait dû devenir le chef d’une confédération italienne, basée sur la théorie bien connue des trois royaumes, et mener une expulsion progressive des Habsbourg du centre-nord. En cela, dans les plans des différents chefs sectaires, il aurait dû être aidé par les autres dynasties italiennes, napolitaines en tête.

Même Manzoni, c’est-à-dire ce qui devint alors, volontairement ou non, l’un des symboles du centralisme savoyard, en 1821, malgré les apparences, ne pouvait imaginer l’Italie autrement que comme une fédération de principautés.

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D’autre part, il y avait trop de divergences criardes entre les différents États pré-unification pour ne pas penser de cette façon, et la chaîne d’événements qui a conduit à ce fatidique 17 mars 1861 était alors totalement impensable.

Certes, Manzoni proclamait son désir d’une Italie unique… “des armes, de la langue, de l’autel, des souvenirs, du sang et du cœur”. Mais il s’agissait évidemment d’une vision littéraire et onirique, car les États antérieurs à l’unification étaient très différents en termes d’usage militaire, de langue, de manifestations religieuses, de tradition et d’histoire, de lignage et même de sentiments.

Le pragmatisme “oublié” de Carlo Cattaneo

La vision de Carlo Cattaneo, le grand oublié de notre Risorgimento, condamné à l’oubli par l’inconvenance de ses idées sur le destin fédéral de l’Italie, était beaucoup plus réaliste. L’intellectuel milanais avait un sens très noble de sa patrie, mais c’était aussi un intellectuel qui avait les pieds sur terre : chose si rare sous nos latitudes.

Mais, pour en venir à aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé et qu’est-ce qui, à l’inverse, reste actuel, de ces idées et de ces différentes versions concernant notre unité nationale ? Nous pourrions dire que ce facteur onirique, que nous avons mentionné, survit définitivement à l’usure du temps : après tout, l’image de la communauté nationale qui se perpétue est toujours celle de Manzoni. Avec les ajustements nécessaires.

La Confederazione di Stati Italiani ipotizzata da Napoleone III, Imperatore dei Francesi, e Camillo Benso di Cavour, Primo Ministro del Regno di Sardegna, negli Accordi di Plombierès del 1858
La Confédération des États italiens imaginée par Napoléon III, empereur des Français, et Camillo Benso di Cavour, Premier ministre du Royaume de Sardaigne, dans les accords de Plombierès de 1858

Une distance anthropologique infranchissable entre le Nord et le Sud?

Et pourtant, aujourd’hui encore, ces paramètres ne semblent pas réalistes: il existe encore d’énormes différences de nature culturelle, traditionnelle et, pourrait-on dire, anthropologique entre le nord et le sud du pays. Et ce ne serait pas nécessairement une mauvaise chose si, au lieu d’exiger leur annulation, dans une sorte de pot-pourri centraliste inexplicable, on respectait et valorisait les prérogatives des territoires individuels.

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C’est ce que pensaient la plupart des intellectuels de la période pré-unification: Cattaneo en tête. Une idée de pluralité et de diversité qui pouvait être unie dans une dimension pactuelle de l’État. Un État qui respecte les prérogatives et les particularités de chacun. Comment concilier autrement la fiscalité piémontaise et l’absence presque absolue de fiscalité bourbonienne? Comment combiner protectionnisme et libéralisme, paternalisme et libre entreprise?

Incontro tra Napoleone III e Francesco Giuseppe a Villafranca
Rencontre entre Napoléon III et François-Joseph à Villafranca

Le Royaume de Sardaigne est-il ou non un paradigme pour tous?

Évidemment, il n’y avait que deux voies possibles : l’une, la pire, était celle d’une extension forcée des règles et du système du Royaume de Sardaigne à tous les autres États de la Péninsule, opérant en pratique une sorte de conquête coloniale ou, si vous préférez, un élargissement des frontières de la Savoie, dans le style du XVIIIe siècle.

L’autre solution, avec le recul beaucoup moins traumatisante et, en perspective, beaucoup plus moderne et efficace, aurait été celle d’un fédéralisme étendu, basé sur une grande autonomie entre les fédérés et le maintien de la plupart des prérogatives des États pré-unitaires.

Accord préliminaire entre le gouvernement et la Région Emilia-Romagna (en italien)
Accord préliminaire entre le Gouvernement et la Région Lombardie (en italien)
Accord préliminaire entre le gouvernement et la Région Vénétie (en italien)

Ainsi, aujourd’hui, l’Italie serait un exemple vertueux à proposer comme modèle pour la transformation de l’Union européenne en États-Unis d’Europe: à l’inverse, nous nous retrouvons parmi les retardataires dans le processus d’unification continentale, tout comme nous étions en retard dans le processus national.

Il est vrai que l’histoire enseigne: mais il est tout aussi vrai que sa leçon n’a presque aucun impact si personne n’est prêt à l’écouter et à la conserver.

Le “Risorgimento” dans les besoins et les traditions de chacun

L’engagement pour cet anniversaire de la proclamation du Royaume d’Italie devrait donc être de relire le Risorgimento à la lumière des différentes visions pré-unification, de faire un bilan serein et objectif de ces 160 ans d’unité et, si nécessaire, de repenser les termes de notre coexistence compliquée.

Abandonner, surtout, l’idée d’une autonomie et d’un fédéralisme qui ne sont qu’une décentralisation, en introduisant, au contraire, la vision de Cattaneo et des autres grands fédéralistes du Risorgimento : celle d’un État qui respecte les besoins et les traditions de tous. Un et multiple.

Références:

“La pensée politique de Carlo Cattaneo” (L’Opinione delle Libertà) – en italien
Cattaneo, Carlo dans “La contribution italienne à l’histoire de la pensée : La philosophie” (treccani.it) – en italien
“Langue et idéologie: la position de Carlo Cattaneo” (Dialogues méditerranéens) – en italien
Les congrès des naturalistes italiens entre science et politique. Pour les 150 ans de l’unification de l’Italie (Museo Galileo)

L’ingresso a cavallo di Napoleone III, Imperatore dei Francesi, e di Vittorio Emanuele II di Savoia, Re di Sardegna, nella ex città austriaca di Milano l’8 giugno del 1859 (Affresco: Wolfgang Sauber)
L’entrée à cheval de Napoléon III, empereur des Français, et de Vittorio Emanuele II de Savoie, roi de Sardaigne, dans l’ancienne ville autrichienne de Milan le 8 juin 1859 (Fresque: Wolfgang Sauber)