Bonnes perspectives pour le tourisme d’hiver suisse

Selon les prévisions touristiques publiées par BAK Economics sur mandat du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), la demande de nuitées en Suisse augmentera sensiblement durant l’hiver 2022/23 (+1,9 million, +13 %, par rapport à l’année précédente).

Malgré les défis actuels tels que l’inflation élevée et le franc fort, la saison d’hiver s’annonce favorable pour le tourisme suisse avec et la reprise devrait être soutenue par le retour des hôtes étrangers. Toutefois, le niveau de nuitées d’avant la crise ne sera pas atteint avant l’hiver 2023/24 en raison d’effets négatifs tels que la politique restrictive Covid-19 en Chine, l’absence d’hôtes russes et la situation économique tendue.

Retour des hôtes étrangers et forte demande touristique intérieure à l’été 2022

La levée progressive des restrictions mondiales sur les voyages depuis l’hiver dernier a eu un impact positif sur le tourisme suisse en été 2022, avec une augmentation de 3,6 millions de nuitées. Contrairement à 2021, tant les hôtes des marchés lointains (+2,7 millions de nuitées) que ceux d’Europe (+1,9 million de nuitées) ont été accueillis à nouveau en Suisse en nombre croissant. En Europe, les coûts élevés et les incertitudes des voyages aériens internationaux ont probablement eu un effet positif sur la demande. En juin et août 2022, le nombre de nuitées en provenance des Pays-Bas, de la Belgique, de la France et de l’Allemagne a même nettement dépassé le niveau d’avant la crise. Après l’excellent été 2021, il a fallu accepter une réduction de 1,1 million de nuitées (-8 %) de la part des hôtes en provenance de Suisse, mais malgré cela, l’été 2022 a connu une excellente demande intérieure, qui était encore supérieure de près d’un cinquième à celle de 2019.

Le tourisme suisse – une solide croissance malgré toutes les crises

Un environnement macroéconomique difficile ralentit la reprise de la demande durant l’hiver 2022/23…

Au cours de l’hiver prochain (2022/23), plusieurs facteurs d’entrave vont ralentir la dynamique positive de la demande touristique observée jusqu’à récemment. La hausse des prix de l’énergie déclenchée par la guerre en Ukraine, l’inflation associée et le ralentissement économique pèsent sur le moral des consommateurs en Suisse et à l’étranger. En outre, le franc fort rend la Suisse plus chère, notamment pour les hôtes de la zone euro et du Royaume-Uni. En revanche, les hôtes suisses sont de plus en plus incités à passer leurs vacances à l’étranger, alors que les restrictions à long terme déjà en place en été demeurent : ni les hôtes chinois ni les hôtes russes ne devraient connaître une augmentation notable de leurs nuitées en hiver. En outre, les tarifs aériens élevés pèsent sur les dépenses de voyage des hôtes des marchés lointains, ce qui réduit la demande en provenance de ces pays. Le tourisme d’affaires devrait également connaître une nouvelle réduction des voyages.

… Cependant, une multitude de facteurs favorables prévalent

Malgré le contexte économique difficile, on observe de forts effets de reprise et de relance de la demande touristique. De nombreux ménages ont augmenté leur épargne ces dernières années et réagissent donc moins sensiblement aux hausses de prix ou aux revers économiques à court terme qu’avant la crise. Un autre facteur positif est une plus grande sécurité de planification : les voyageurs peuvent supposer que, comme les années précédentes, des mesures relativement douces seront mises en œuvre en cas de nouvelle vague d’infections en Suisse. Sur les marchés long-courriers, la demande devrait ainsi augmenter d’environ 1 million de nuitées par rapport à l’hiver 2021/22. L’effet de l’appréciationdu franc suisse sera atténué par le fait que l’inflation est nettement plus élevée dans de nombreux pays européens qu’en Suisse. Les services touristiques, tels que l’hébergement en hôtel ou les billets d’entrée dans les stations de ski, ont tendance à devenir plus chers qu’en Suisse. Cet effet devrait presque annuler l’impact négatif de l’appréciation du franc suisse. Avec une croissance de 26 % de 1,1 million de nuitées, la demande européenne de l’hiver prochain ne sera que légèrement inférieure au niveau d’avant la crise. L’été 2022 a confirmé que la tendance des Suisses à passer leurs vacances à l’intérieur du pays, qui a émergé pendant la crise de Covid-19, se poursuit. BAK Economics part du principe que cette tendance se poursuivra durant l’hiver 2022/23, bien qu’un peu affaiblie : par rapport à la période forte de l’année précédente, la demande intérieure ne devrait ainsi diminuer que de 2 pour cent. Dans l’ensemble, la bonne dynamique de l’été sera donc légèrement ralentie en hiver 2022/23 par les circonstances difficiles, mais les effets positifs l’emportent nettement sur les effets négatifs. Avec un total de 16,5 millions de nuitées (en hausse de 13 pour cent par rapport à la période précédente), il manquera de peu le niveau d’avant la crise (2019).

Les nuitées ne retrouveront pas le niveau d’avant la crise avant l’hiver 2023/24

Les facteurs négatifs mentionnés ci-dessus auront un impact négatif sur la demande touristique jusqu’à l’été 2023 et empêcheront un retour rapide au rythme de croissance antérieur. Par conséquent, le niveau de nuitées d’avant la crise ne pourra être atteint qu’à l’hiver 2023/24. Les impulsions viendront alors principalement de la reprise régulière et générale de la demande des marchés longue distance et du retour progressif des hôtes chinois, qui débutera dès la fin de l’été 2023.

La parahôtellerie gagne des parts de marché

L’industrie parahôtelière a clairement été moins touchée par la crise que l’industrie hôtelière, grâce au besoin croissant des touristes de paix, de nature et d’isolement. BAK Economics prévoit que la croissance en faveur de l’industrie parahôtelière se poursuivra au cours des deux prochaines années. Cependant, le maintien à long terme de cette évolution de la demande dépendra également de l’évolution future de la qualité de l’offre dans le secteur des paralloges.Pour un développement réussi et durable, les installations existantes doivent être spécifiquement adaptées à l’évolution des besoins et la qualité doit être augmentée par des investissements.

Evolution des nuitées dans l’hôtellerie par origine et année touristique

Source: BAK Economics