Entre nature et silence, les villages sans voiture à découvrir
Des lieux enchantés où la modernité laisse place au silence, à la nature et à un mode de vie plus lent et plus authentique.
Dans un monde qui va toujours plus vite, où les routes sont souvent encombrées et où le bruit des moteurs accompagne chaque instant de la journée, il existe des réalités qui semblent échapper à ce rythme incessant. Il s’agit de villes et de villages – surtout en Europe, mais aussi dans d’autres parties du monde – où les voitures sont interdites ou fortement limitées. On s’y déplace à pied, à vélo, dans de petites calèches ou par des moyens alternatifs comme les téléphériques et les trains à crémaillère.
Ces lieux représentent non seulement un retour à un mode de vie plus simple, mais offrent également un modèle de durabilité, en harmonie avec l’environnement. Immergés dans des paysages de contes de fées, souvent entourés de montagnes, de lacs ou de forêts, ces villages préservent la beauté d’une Europe qui semble être restée suspendue dans le temps. Idéaux pour ceux qui recherchent la paix, le silence et un tourisme plus conscient, ce sont des destinations parfaites pour redécouvrir la valeur de la marche et le plaisir du slow travel.
Ouverture des cols suisses 2025
CarPostal, symbole de la Suisse

🇨🇭 Stoos (Suisse)
Niché dans les Alpes schwytzoises, Stoos, situé dans la commune de Morschach, dans le canton de Schwyz, à 1 300 mètres d’altitude, avec une centaine d’habitants, n’est accessible que par le funiculaire le plus raide du monde (jusqu’à 110 % de pente), inauguré en 2017, ou par le téléphérique de Morschach. C’est une destination populaire en été comme en hiver, idéale pour les amoureux de la nature et des activités de plein air.
En été, Stoos propose de nombreux sentiers de randonnée, dont le célèbre sentier panoramique Klingenstock-Fronalpstock, qui offre une vue spectaculaire à 360 degrés sur le lac des Quatre-Cantons et les montagnes environnantes. Les amateurs d’aventure peuvent également pratiquer le VTT et le parapente.
En hiver, le domaine skiable offre 35 km de pistes de ski et de snowboard, ainsi que la possibilité de faire de la luge et des raquettes.
Fait : Stoos a renoncé aux liaisons routières afin de préserver la qualité de vie et l’environnement montagnard, devenant ainsi un modèle de mobilité douce.

🇨🇭 Braunwald (Suisse)
Braunwald, mentionné pour la première fois en 1421, est un village alpin situé à 1 256 mètres d’altitude dans le canton de Glaris, qui compte environ 300 habitants. À l’origine un village d’été, il s’est développé au XVIIIe siècle pour devenir un lieu habité toute l’année. Situé dans les montagnes, Braunwald est une station d’été populaire avec des activités telles que la randonnée et l’alpinisme, ainsi qu’une station d’hiver avec son domaine skiable.
Le tourisme s’est développé depuis l’ouverture du funiculaire de Braunwaldbahn en 1907 et la construction d’hôtels et d’installations de ski.
La station est entièrement fermée à la circulation automobile et est accessible par le funiculaire de Braunwaldbahn, qui la relie au chemin de fer Ziegelbrücke-Linthal, qui fait partie du réseau de transport rapide de Zurich.

🇨🇭 Zermatt (Suisse)
Zermatt est une commune suisse d’environ 5 700 habitants située dans le canton du Valais, connue pour être une station touristique alpine très fréquentée, été comme hiver. Située au pied du Mattertal, elle est surtout connue pour le Cervin (Matterhorn), la célèbre montagne qui domine le village, et pour sa proximité avec les massifs du Mont Rose et du Weisshorn.
La première mention de Zermatt remonte à 1280. Jusqu’au XIXe siècle, Zermatt était un petit village de montagne, mais avec le développement de l’alpinisme et la construction du chemin de fer en 1928, il est devenu une importante station de ski. Elle fait partie du Matterhorn Ski Paradise, qui est également relié à des stations italiennes telles que Valtournenche et Breuil-Cervinia.
Zermatt est interdit aux voitures : les visiteurs doivent laisser leur véhicule à Täsch, à 6 km de là, et continuer en train. La gare de Zermatt est le terminus du chemin de fer Brigue-Visp-Zermatt et le point de départ du chemin de fer du Gornergrat, célèbre pour ses vues spectaculaires.
Zermatt a commencé à limiter la circulation dans les années 1960 pour protéger l’air frais et la vue sur le Cervin. Aujourd’hui, c’est l’un des modèles mondiaux de tourisme écologique.

🇨🇭 Mürren (Suisse)
Mürren est un charmant village alpin situé à 1 650 mètres d’altitude, sur une terrasse naturelle surplombant un précipice de plus de 700 mètres, avec une vue imprenable sur la célèbre triade Eiger, Mönch et Jungfrau. Il fait partie de la commune de Lauterbrunnen, dans le canton de Berne, et est l’une des rares localités habitées toute l’année à cette altitude. Elle est totalement fermée à la circulation automobile et n’est accessible qu’en téléphérique ou en train.
Mürren a des origines Walser et a été le théâtre des premiers championnats du monde de ski en 1931. Aujourd’hui, c’est une destination internationale pour le tourisme d’hiver et d’été, et elle est également célèbre pour le film « Agent 007 – Au service secret de Sa Majesté », tourné sur le Schilthorn – Piz Gloria, qui se trouve à proximité et que l’on peut atteindre en téléphérique. On y trouve un restaurant panoramique tournant à près de 3 000 m d’altitude, ainsi qu’un musée interactif consacré à James Bond.
En hiver, il offre 53 km de pistes de ski et la célèbre Inferno Race, la plus longue course de descente amateur du monde (15,8 km). En été, c’est un point de départ idéal pour plus de 200 km de sentiers de randonnée, de via ferrata, de parapente et de base jumping. Les pistes d’hiver du village permettent d’utiliser des luges et des skis directement entre les maisons et les hôtels.
Mürren est accessible par le téléphérique de Lauterbrunnen à Grutschalp, suivi d’un train panoramique, ou par le téléphérique de Stechelberg via Gimmelwald.

🇨🇭 Wengen (Suisse)
Wengen est un village alpin situé à 1 274 mètres d’altitude au cœur des Alpes bernoises, dans le canton de Berne. Il s’agit d’un hameau de la commune de Lauterbrunnen, entièrement fermé à la circulation automobile. On ne peut y accéder que par le chemin de fer à crémaillère Wengernalpbahn, en service depuis 1893. Le terminus du téléphérique menant au Männlichen se trouve également à proximité de la gare.
Mentionnée pour la première fois en 1268, Wengen a été une communauté agricole pendant des siècles. Elle est devenue une destination touristique dès le 19e siècle, et est depuis devenue une station d’hiver et d’été très prisée. Pendant les mois de pointe, elle peut accueillir jusqu’à 10 000 personnes, grâce à de nombreuses résidences secondaires, hôtels et appartements en location.
Wengen est mondialement connu pour accueillir depuis 1930 le prestigieux Trophée Lauberhorn, une étape historique de la Coupe du monde de ski alpin, qui comprend la plus longue course de descente du circuit (plus de 4 km). Le village offre également des patinoires, du curling et un vaste réseau de sentiers de randonnée et de trekking, ce qui en fait un paradis pour les amoureux de la montagne et du tourisme lent.
Remarque : La gare ferroviaire ouverte en 1893 a marqué le début du tourisme alpin moderne, sans jamais compromettre la tranquillité des lieux.

🇨🇭 Bettmeralp (Suisse)
À près de 2 000 mètres d’altitude, Bettmeralp est un village alpin sans circulation, entouré d’un panorama à couper le souffle. Situé sur une terrasse ensoleillée surplombant la vallée du Rhône, Bettmeralp est un lieu de villégiature entièrement fermé à la circulation et accessible uniquement par téléphérique. Aux portes du glacier d’Aletsch, premier site alpin inscrit au patrimoine naturel mondial de l’UNESCO, cette station bénéficie de 300 jours d’ensoleillement par an et d’une vue spectaculaire sur les géants des Alpes valaisannes, dont le Cervin, le Dom et le White Horn.
Destination idéale pour les familles, été comme hiver, la station a reçu le label de qualité « Familles bienvenues » et propose des services dédiés tels que la location de matériel pour enfants, des programmes d’animation et des sentiers de randonnée accessibles même avec des poussettes. Une combinaison parfaite de nature, de tranquillité et d’hospitalité.

🇨🇭 Saas-Fee (Suisse)
Saas-Fee, principale station du Saastal dans le canton du Valais, en Suisse, est située sur un plateau à 1 800 mètres d’altitude, entourée de pas moins de 13 sommets de plus de 4 000 mètres, la plus grande concentration de sommets de cette hauteur dans les Alpes, ce qui lui vaut le surnom de « Perle des Alpes ». Caractérisé par un centre entièrement interdit aux voitures depuis 1951, Saas-Fee n’est accessible que jusqu’au parking à l’entrée, d’où l’on continue à pied ou en petits véhicules électriques. Connue pour son architecture en bois et sa situation au pied des glaciers Dom et Allalinhorn, c’est une station de ski populaire avec 150 km de pistes desservies par 22 remontées mécaniques, dont le funiculaire souterrain le plus haut du monde et un restaurant tournant à 3 500 mètres d’altitude. La station est également appréciée pour les excursions estivales vers des sommets tels que le Weissmies et le Nadelhorn, ainsi que pour des activités telles que le parapente, l’alpinisme, l’escalade de glace et le canyoning. En été et en hiver, elle propose des événements culturels, gastronomiques et sportifs, et abrite un campus de l’European Graduate School. Saas-Fee est également célèbre pour avoir accueilli le tournage du clip vidéo « Last Christmas » de Wham ! (1984) et pour avoir servi de cadre au roman d’André Gide Les faux-monnayeurs.

🇮🇹 Chamois (Italie)
Au cœur du Valtournenche, dans la Vallée d’Aoste, Chamois est la seule commune d’Italie à ne pas être accessible en voiture. On y accède uniquement par le téléphérique de Buisson, à pied par le sentier muletier des Seingles, par un chemin agricole de La Magdeleine, ou encore en faisant atterrir des petits avions sur l’aérodrome de la commune. Les voitures et les motos sont interdites dans la commune, qui fait partie du consortium Perle delle Alpi pour son engagement en faveur de la mobilité durable.
Il n’y a aucune preuve de colonisation à l’époque romaine ou préromaine. Le peuplement permanent remonte probablement à la fin du Moyen-Âge, lorsque l’augmentation de la population a entraîné la colonisation de zones jusqu’alors réservées à la transhumance.
Chamois est une destination prisée pour le tourisme doux, surtout en hiver, avec environ 14 km de pistes de ski et de nombreux sentiers de randonnée estivale. Le patois valdostano (dialecte local) est encore bien vivant chez les habitants. Parmi les traditions les plus enracinées, citons l’artisanat du bois (sabots, statuettes, paniers de noisettes) et la production de pain de seigle noir, cuit dans un four à bois selon l’ancienne recette de la cuisine alpine.
Note historique : Dans les années 1950, les habitants ont refusé la construction d’une route carrossable, optant pour un mode de vie respectueux des personnes.

🇮🇹 Venise (Italie)
Contrairement à de nombreux sites sans voiture situés dans des régions alpines ou reculées, Venise est une métropole historique, mondialement connue, située sur plus de 100 îles de la lagune vénitienne, sans aucune route praticable par des véhicules à moteur. Les déplacements se font exclusivement à pied ou par les canaux, ce qui en fait l’une des villes piétonnes les plus grandes et les plus complexes du monde.
Fondée au Ve siècle, Venise a été pendant plus d’un millénaire la capitale de la République Sérénissime, ancienne puissance maritime qui a profondément influencé le commerce, l’art et la culture en Méditerranée. Aujourd’hui, c’est l‘une des villes les plus visitées au monde, la deuxième après Rome en Italie en termes de flux touristique, et elle accueille des événements internationaux tels que la Biennale d’Arte et la Mostra del Cinema, qui renforcent sa centralité culturelle.
Cette renommée exceptionnelle s’accompagne toutefois de défis. Le centre historique compte moins de 50 000 habitants, contre des millions de touristes chaque année, avec un pic constant de fréquentation quotidienne qui dépasse de loin la capacité durable de la ville.
Contrairement à d’autres villages sans voiture, souvent préservés du tourisme précisément en raison de leur isolement, Venise est au centre des routes touristiques du monde. Cela en fait un exemple unique : il ne s’agit pas d’un modèle idéal de carte postale de la mobilité durable, mais d’un laboratoire urbain vivant, où l’on cherche des solutions pour équilibrer l’accessibilité, la préservation et l’habitabilité.
Venise est l’une des villes les plus emblématiques du monde, choisie comme décor par de nombreux réalisateurs pour des films célèbres tels que « Mort à Venise » de Visconti, “Casanova” avec Heath Ledger, « Le Marchand de Venise » avec Al Pacino et Jeremy Irons, « 007 – Casino Royale », et bien d’autres, qui ont su exploiter le charme de ses canaux, de ses palais et de son atmosphère suspendue dans le temps.
Venise n’est pas seulement un décor de cinéma, c’est aussi un lieu de prédilection pour les mariages de rêve de célébrités telles que l’acteur et réalisateur américain George Clooney et Amal Alamuddin, le footballeur espagnol Alvaro Morata et Alice Campello, ou la joueuse de tennis serbe Ana Ivanovic et le footballeur allemand Bastian Schweinsteiger.

🇮🇹 San Fruttuoso (Italie)
L’abbaye de San Fruttuoso di Capodimonte est un ancien complexe religieux situé dans la baie du même nom, dans la municipalité de Camogli (Ligurie), à l’intérieur du parc du Mont de Portofino. Il est dédié à Saint Fruttuoso de Tarragone, dont les reliques sont conservées ici, déplacées pour échapper à l’invasion arabe de la péninsule ibérique. L’abbaye n’est accessible que par la mer ou par deux sentiers panoramiques, l’un partant du Monte di Portofino et l’autre longeant la côte depuis Portofino, et surplombe une plage de baignade. Dans la baie se trouve la célèbre statue immergée du Christ de l’abîme, placée là en 1954.
Le complexe remonte au VIIIe siècle et a été agrandi entre le Xe et le XIe siècle, avec des interventions ultérieures de la famille Doria, qui a utilisé certaines des pièces comme chambres funéraires. Au XVIe siècle, Andrea Doria fit reconstruire le cloître et construire une tour de guet pour se protéger des pirates barbaresques. Après une période d’abandon, il a été restauré dans les années 1930 et donné au Fondo Ambiente Italiano en 1983. Aujourd’hui, elle accueille des concerts, des événements culturels et un musée qui présente des pièces archéologiques et des céramiques médiévales.
L’abbaye a également servi de décor de cinéma, notamment dans le film Il diavolo in convento (Le diable au couvent) de Nunzio Malasomma avec Gilberto Govi (1951), qui a mis en valeur l’atmosphère unique du lieu.
En outre, San Fruttuoso est une destination pour des mariages exclusifs et intimes, choisie par des VIP et des personnalités pour célébrer des événements privés dans un cadre évocateur et intemporel, grâce à sa situation isolée et à la beauté naturelle qui l’entoure.

🇮🇹 Civita di Bagnoregio (Italie)
Civita di Bagnoregio, une fraction de la municipalité de Bagnoregio dans la province de Viterbo, dans le Latium, se dresse sur un fragile éperon de tuf au cœur du Latium. Elle est connue sous le nom de « ville mourante » en raison de l’érosion constante de la colline sur laquelle elle se trouve. Fondée par les Étrusques il y a environ 2 500 ans le long d’une importante route commerciale entre le Tibre et le lac de Bolsena, Civita s’est développée grâce à sa position stratégique et conserve encore une structure urbaine étrusque-romaine avec une architecture médiévale et de la Renaissance.
Civita ne compte qu’une dizaine d’habitants et n’est accessible que par une passerelle construite en 1965.
Civita conserve d’importants témoignages historiques tels que le « Bucaione », un tunnel étrusque qui relie directement le village à la vallée, des tombes à chambre, une nécropole et d’anciens ouvrages hydrauliques. Parmi les monuments importants, citons l’église de San Donato, avec son crucifix miraculeux, le palais Alemanni (qui abrite le musée géologique et des glissements de terrain), le palais épiscopal, la porte de Santa Maria et les vestiges de la maison natale de saint Bonaventure. Le village fait partie de l’association I Borghi più belli d’Italia (Les plus beaux villages d’Italie) et est une destination pour de nombreux touristes, grâce à la beauté de ses paysages et à son charme historique.
Depuis 2013, l’accès est payant.
Civita a souvent été choisie comme décor de cinéma : des films tels que « I due colonnelli » (1962) de Steno (avec Totò et la star canadienne Walter Pidgeon), « L’Armata Brancaleone », « L’uomo delle stelle » (1995) de Giuseppe Tornatore y ont été tournés, Contestazione generale (1970) de Luigi Zampa (avec Alberto Sordi), la fiction de la RAI Pinocchio (2009), Questione di karma (2017) d’Edoardo Falcone, Esperança (2002-2003) une telenovela brésilienne de TV Globo.
Les badlands environnants ont été proposés en 2005 comme site d’intérêt communautaire pour leur valeur géologique et environnementale.

🇮🇹 Ginostra (Italie)
Ginostra est un minuscule hameau de l’île de Stromboli, dans les îles Éoliennes, accessible uniquement par la mer. Il n’y a pas de route, seulement des sentiers muletiers, des brouettes et des mules. L’électricité n’est arrivée qu’en 2004.
Ginostra compte quelques dizaines d’habitants permanents et le paysage est caractérisé par des oliviers, des citronniers, des figuiers de Barbarie et des câpriers, avec des maisons blanches de style méditerranéen semblables à celles de Santorin.
Ginostra est totalement dépourvue de routes et de véhicules à moteur. Les bateaux accostent à la nouvelle jetée, inaugurée en 2004. Il n’y a pas d’éclairage public et le village ne possède qu’une seule cabine téléphonique. Les services publics comprennent un bureau de poste et un centre de santé de base.
Le tourisme, qui porte la population estivale à environ 300 personnes, se concentre sur les excursions vers le volcan Stromboli, les promenades en bateau et la pêche, Ginostra n’ayant pas de véritables plages. Le charme du village réside dans son authenticité, le silence rompu uniquement par les bruits de la nature et les couchers de soleil à couper le souffle. Ginostra est une destination pour ceux qui recherchent l’isolement, la beauté primitive et un style de vie intemporel.

🇳🇱 Giethoorn (Pays-Bas)
Surnommé la « Venise du Nord », Giethoorn est un charmant village néerlandais connu pour ses canaux sculptés à la main et ses maisons aux toits de chaume construites aux XVIIIe et XIXe siècles. Le cœur du village, appelé Giethoorn village, est entièrement interdit aux routes et aux voitures : on ne se déplace qu’à pied, à vélo ou en bateau le long des canaux. Les voitures doivent être laissées dans des parkings hors rue, et le centre est accessible par une piste piétonne et cyclable appelée Binnenpad, qui traverse des petits ponts (pas moins de 176 !) reliant les îles. Les restaurants, les musées et les boutiques touristiques sont concentrés ici et on peut louer des bateaux chuchoteurs typiques (bateaux électriques silencieux) pour explorer les environs. Environ 80 % des visiteurs se concentrent dans cette zone, qui ressemble à un décor de cinéma.
Origine : Fondée au XIIIe siècle par un groupe d’exilés, Giethoorn a toujours entretenu une relation symbiotique avec l’eau et la nature.

🇬🇷 Hydra (Grèce)
L’île d’Hydra (Ύδρα), dans le golfe Saronique, est située entre les îles de Poros et de Spetses, à environ 37 milles nautiques du Pirée, le port d’Athènes. C’est l’un des endroits les plus pittoresques de Grèce et, surtout, l’un des rares endroits où il n’y a ni voitures ni motos : les déplacements se font à pied, à dos de mulet ou en bateau. D’une superficie de 52 km² et de forme allongée, Hydra est montagneuse et ne possède pas de sources naturelles : l’eau potable est désormais importée du continent.
Habitée depuis le néolithique, l’île était importante à l’époque mycénienne et, selon Hérodote, peuplée par les Driopi. Après une longue période de dépeuplement, des pêcheurs albanais orthodoxes sont arrivés au XVe siècle, suivis aux siècles suivants par des familles grecques qui en ont fait un important centre maritime. Aux XVIIIe et XIXe siècles, la flotte d’Hydra était l’une des plus puissantes de Grèce et a largement contribué à la guerre d’indépendance contre l’Empire ottoman (1821-1829).
Hydra est aujourd’hui une île-musée, protégée en tant que monument national. Ses maisons en pierre, construites en terrasses sur la pente, sont protégées par des restrictions architecturales. L’interdiction totale des véhicules à moteur préserve l’atmosphère unique d’un village figé dans le temps. Elle a attiré des artistes et des écrivains tels que Leonard Cohen et Lawrence Osborne, et a été le lieu de tournage du film Le garçon sur le dauphin avec Sophia Loren.
Curiosité : Hydra était un centre naval important pendant la guerre d’indépendance grecque. Aujourd’hui, c’est un havre pour les artistes, les intellectuels et les touristes en quête de calme.

🇬🇷 Oia (Grèce)
Oia, petit village situé à la pointe nord-ouest de l’île cycladique de Santorin, est célèbre dans le monde entier pour ses maisons blanches à dôme bleu, encastrées dans les falaises qui surplombent la caldeira volcanique.
L’histoire d’Oia est ancrée dans l’antiquité : le nom original était Apano Meria (« partie supérieure »), et déjà à l’époque grecque et romaine, la région abritait un port stratégique.
Aujourd’hui, Oia est l’une des destinations touristiques les plus populaires de Grèce.
L’architecture traditionnelle, avec ses maisons creusées dans la roche (yposkafa), offre un confort naturel grâce à l’isolation thermique des murs en pierre ponce. Le village a également reçu d’importantes récompenses pour la préservation de son patrimoine historique et architectural.
Le vieux moulin à vent, souvent immortalisé sur les cartes postales, et le château en ruine, qui offre aujourd’hui un point de vue à 360 degrés, en sont les points forts. Oia est également un centre culturel avec des galeries d’art, des ateliers d’artisanat et des boutiques de souvenirs.
Dans le domaine du cinéma et de la littérature, Oia a servi de décor à des films célèbres tels que Summer Lovers (1982) et les deux films de The Sisterhood of the Travelling Pants (2004-2008), et a inspiré des jeux vidéo tels que Sonic Unleashed et Overwatch.
L’accès à Oia se fait principalement par la route depuis Fira, la capitale de Santorin, ou par des excursions en bateau autour de la caldeira.

🇪🇸 Bulnes (Espagne)
Dans le cœur sauvage des Picos de Europa, à 645 mètres d’altitude, se trouve Bulnes, l’une des localités les plus isolées d’Espagne jusqu’à récemment. Appartenant à la municipalité de Cabrales dans les Asturies, cette minuscule localité rurale compte aujourd’hui quelques dizaines d’habitants et couvre une superficie de plus de 56 km².
Jusqu’en 2001, Bulnes n’était accessible qu’à pied, par des sentiers de montagne accidentés. Aujourd’hui, un funiculaire souterrain, également réservé au tourisme, relie le village à la vallée en contrebas. Cette liaison a fait de Bulnes une destination estivale fréquentée par des milliers de visiteurs, attirés par son authenticité et son paysage à couper le souffle. En hiver, cependant, le village retrouve sa dimension plus intime : pâturages, neige, silence.
Le village est divisé en deux noyaux :
- Bulnes de Abajo (La Villa) – le village principal, avec des cafés, des logements et des restaurants.
- Bulnes de Arriba (El Castillo) – plus ancien et perché sur une colline, il présente des ruines et des maisons en pierre entourées de silence.
À quelques pas du village se trouve le sentier qui mène aux légendaires Naranjos de Bulnes, un sanctuaire naturel pour les alpinistes et les photographes. Ses parois rocheuses deviennent orange au coucher du soleil, créant un spectacle unique, d’où son nom.

🇦🇷 La Cumbrecita (Argentine)
Bien que situé hors d’Europe, La Cumbrecita, dans la province de Córdoba (Argentine), est un curieux exemple de village inspiré des colonies alpines européennes, tant par son style architectural que par son mode de vie. Fondé dans les années 1930 par des familles d’origine allemande, il se trouve à 1 450 mètres d’altitude, niché dans la vallée de Calamuchita, et n’est accessible que par une route de montagne asphaltée de 30 km.
Depuis 1996, il est officiellement déclaré « village piétonnier » : il faut laisser les voitures dans un parking extérieur et continuer à pied. Tout le village est consacré à l’écotourisme, avec des gîtes, des hôtels et des chalets de style alpin entourés de forêts de pins plantées par les pionniers eux-mêmes. Traversée par la rivière Medio, la zone est également protégée en tant qu’espace naturel et possède un musée consacré aux minéraux de la région.
Cumbrecita compte environ 300 habitants, répartis dans de petits hameaux, et est administrée comme une municipalité autonome.
Remarque : fortement influencée par la culture européenne, la ville est aujourd’hui un centre touristique écologiquement durable et entièrement piétonnier.

🇯🇵 Aogashima (Japon)
Perdue dans l’océan Pacifique au sud de Tokyo, Aogashima est une île volcanique isolée de l’archipel d’Izu, habitée par moins de 200 personnes. Le village principal se trouve dans la caldeira d’un volcan en activité, ce qui en fait l’un des endroits habités les plus uniques au monde. L’accès n’est possible que par hélicoptère ou par bateau, mais l’état de la mer rend souvent l’opération difficile.
Malgré son isolement, Aogashima a acquis une reconnaissance naturaliste importante : l’île a été classée zone importante pour la conservation des oiseaux (ZICO) par BirdLife International, en raison de la présence d’espèces rares telles que le pigeon du Japon, la phragmite de Pleske, le plongeon d’Ijima et la grive d’Izu.
L’histoire de l’implantation humaine est ancienne mais peu documentée. Certaines archives de la période Edo (1603-1868) font état d’une activité sismique et volcanique fréquente : en 1785, une éruption dévastatrice a causé la mort de plus de 130 habitants sur une population d’environ 327 personnes. Tous les habitants ont été évacués et ce n’est que quelques années plus tard que certains sont revenus sur l’île. Depuis lors, aucune éruption significative n’a été enregistrée, bien que le volcan soit toujours considéré comme actif.
Aujourd’hui, Aogashima est un rare exemple de résilience humaine et de cohabitation avec la nature extrême, un paradis pour ceux qui recherchent l’isolement, les paysages primordiaux et le contact direct avec les forces de la Terre.
Le plaisir de ralentir et de redécouvrir la nature et le passé
Ces villages sans voiture offrent plus que des paysages de carte postale : ce sont des expériences immersives et sensorielles, où le temps semble s’être arrêté. On y redécouvre la valeur de la lenteur, du silence et d’une connexion profonde avec la nature. Loin du chaos du tourisme moderne, ils offrent une alternative authentique et durable qui régénère et reconnecte avec ce qui compte vraiment.
Marcher entre les vieilles maisons de pierre, respirer l’air pur et les odeurs de bois, de prairies et de terre humide, n’écouter que le chant des oiseaux ou le bruit de l’eau qui coule : chaque geste, chaque regard vous ramène à une vie plus simple et plus humaine. Dans ces lieux, on ressent une proximité concrète avec le passé, avec les rythmes naturels et les habitudes d’autrefois, quand tout était plus essentiel et vrai. Ce ne sont pas seulement des destinations à visiter, mais des lieux à vivre, à savourer tranquillement, en se laissant transformer.






