Le retour des touristes asiatiques fait augmenter le tourisme d’été en Helvétie
Selon les prévisions touristiques publiées par BAK Economics sur mandat du Secrétariat d’État à l’économie (SECO), le nombre de nuitées en Suisse dépassera à nouveau, durant l’été 2023, le niveau d’avant la crise de 2019 pour atteindre 22,5 millions (+660 000, soit une hausse de 3 % par rapport à 2022).
Cette évolution positive est due aux effets de la reprise sur les marchés lointains, en particulier avec les clients asiatiques, et à une demande intérieure toujours élevée malgré le déclin attendu. L’inflation soutenue et un environnement économique difficile empêchent une croissance encore plus forte.
Poursuite de la croissance des nuitées durant l’été 2023
Avec 22,5 millions de nuitées, le tourisme suisse pourrait augmenter de 3 % durant la saison d’été 2023 par rapport à l’année précédente (+660 000). Les impulsions positives en provenance des marchés lointains l’emportent sur les reculs enregistrés en Europe et en Suisse. Le niveau de 2019 sera ainsi dépassé pour la première fois durant les mois d’été (102%). La demande dans les villes dépassera également le niveau d’avant la crise à l’été 2023, comblant ainsi une grande partie de l’écart observé pendant la crise avec les régions alpines et les autres régions.
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La demande européenne devrait chuter durant l’été 2023….
Les obstacles déjà observés l’hiver dernier risquent de persister l’été prochain, freinant l’envie de voyager. L’inflation élevée réduit le pouvoir d’achat, la cherté du franc suisse fait pression sur les prix et les turbulences économiques pèsent sur le moral des consommateurs. Tous ces éléments se reflètent dans la demande des visiteurs européens pour l’été 2023. La possibilité retrouvée de voyager vers des marchés lointains complique encore la situation du tourisme suisse. Par rapport au bon été 2022, BAK Economics prévoit donc une baisse de près de 160’000 hôtes (-3%) pour l’été à venir. Le coût élevé des billets d’avion, qui rend les destinations lointaines moins attrayantes, et l’inflation nettement plus élevée en Europe qu’en Suisse, qui réduit la pression sur les prix, empêchent un recul plus marqué. La seule impulsion positive en Europe pour l’été viendra du Royaume-Uni avec une forte augmentation des nuitées (+11% par rapport à 2022).
… Toutefois, les impulsions positives des marchés lointains sont plus élevées …
En ce qui concerne les marchés lointains, la possibilité de voyager à nouveau devrait être largement exploitée au cours de l’été 2023, comme ce fut le cas l’hiver dernier. Ainsi, les effets de la reprise continueront d’être évidents. Dans l’ensemble, les marchés long-courriers devraient connaître une augmentation de 37 % (+1,6 million) des nuitées par rapport à 2022.Les effets de rattrapage sont particulièrement importants sur certains marchés asiatiques. En particulier, la demande de l’Inde (+343 mille, par rapport à l’été 2022) et des autres marchés asiatiques (+465 mille) devrait augmenter. Les marchés chinois (+264 mille) et japonais contribuent également de manière significative (+116 mille) à la croissance des nuitées. Malgré la levée de la plupart des restrictions de voyage strictes au début de l’année, on s’attend encore à court terme à un retour important des hôtes chinois pour diverses raisons. Du côté de la demande, les ressortissants chinois manquent souvent de documents de voyage, le nombre limité de visas et l’ajustement persistant du comportement de voyage des visiteurs chinois en faveur du tourisme intérieur. Du côté de l’offre, les goulets d’étranglement dans les transports (tels que le nombre de vols et les quotas de clients chez les voyagistes) ou chez les voyagistes en Suisse limitent le potentiel de croissance. Un retour de la fréquence des visiteurs chinois au niveau de 2019 ne serait pas viable à court terme du point de vue de l’offre. Ce problème est encore aggravé par la pénurie persistante de travailleurs qualifiés dans les secteurs du tourisme.En ce qui concerne les hôtes en provenance des États-Unis, la forte demande de voyages observée ces derniers mois ne devrait pas ralentir de manière significative durant l’été. Par rapport à l’été 2022, qui était déjà bon, les nuitées devraient augmenter de 142 000 (+9%).
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… et la demande du marché intérieur reste élevée malgré la baisse attendue
La possibilité retrouvée de voyager à l’étranger aura un impact négatif sur la demande intérieure au cours de l’été prochain. Toutefois, l’année écoulée a clairement montré que l’augmentation de la demande intérieure n’est pas un phénomène temporaire. C’est pourquoi, par rapport à l’excellent été 2022, on s’attend à une baisse sensible mais pas massive de la demande intérieure (-800.000, -7%). Avec pas moins de 11 millions de nuitées, le tourisme intérieur reste nettement supérieur au niveau de 2019 (+13%).
À moyen terme, l’Europe devrait perdre des parts de marché et les marchés à longue distance devraient se développer
Pour les prochaines années, de 2024 à 2030, BAK Economics suppose que la plupart des tendances observées avant la crise du Covid-19 seront à nouveau en place. Certes, il y aura encore des effets de rattrapage de la part de certains pays, notamment la Chine, mais ceux-ci n’influenceront plus la tendance générale des nuitées dans la même mesure que ces dernières années.En ce qui concerne les marchés européens, les changements structurels observés avant la crise et donc la tendance négative devraient se poursuivre après la crise. Pour les marchés lointains, en revanche, c’est le contraire qui est prévu : la croissance dynamique observée avant la crise devrait revenir, en particulier dans d’autres marchés asiatiques, en Inde et aux États-Unis. En revanche, en Chine, pour les raisons évoquées plus haut, et en Russie, en raison des sanctions qui devraient se poursuivre pendant un certain temps, la dynamique devrait s’essouffler par rapport aux années d’avant la crise. En ce qui concerne la demande intérieure de la Suisse, BAK Economics suppose qu’environ 10 % de la différence de niveau entre aujourd’hui et 2019 restera inchangée. Sur la base de ce nouveau niveau de départ plus élevé, le tourisme intérieur devrait se développer, bien qu’à un rythme légèrement plus lent, mais similaire à celui d’avant la crise (un peu plus de 1 % par an).